Nathalie Mayoux a passé sa vie à agir en faveur d’une gestion saine et rationnelle des déchets. Après ses études universitaires en environnement et biologie des populations, elle se spécialise, en bonne Auvergnate, dans l’étude des populations des lacs volcaniques. Elle aurait pu devenir une sommité dans ce domaine… mais elle a choisi une autre voie qui lui correspond mieux : sensibiliser, transmettre et surtout mettre en mouvement.
En 23 ans, elle porte le réemploi des déchets conjugué à la création d’emplois au niveau national et dans les textes de loi en France. Aujourd’hui, installée à Tournai, elle met son expérience, ses connaissances et son enthousiasme au service des entreprises et des collectivités françaises qui veulent s’inscrire dans une économie circulaire axée sur la réutilisation des déchets et la création d’emplois.
© Vincent Foret / SOFAM, 2019 — www.vincentforet.photography
Comment es-tu partie d’une structure isolée pour créer un réseau national de 180 Ressourceries en France ?
Au début, mon rôle est très polyvalent et très formateur parce qu’une Ressourcerie est un point de convergence entre différents mondes, l’environnement, l’emploi, l’éducation et l’économie. Je démarche les écoles pour vendre des animations scolaires sur la sensibilisation à l’environnement et en même temps, je recherche des financements et des clients et je recrute des équipes issues de l’insertion sociale. Trois ans plus tard, je suis nommée à la direction de la structure et en participant à des colloques, je réalise que toutes les Ressourceries rencontrent les mêmes contraintes et difficultés. C’est ainsi qu’avec les 7 autres structures existantes, nous démarrons un réseau régional. Mais si nous voulons réellement faire bouger les choses, il faut une dimension politique, trouver du financement et travailler au niveau national.
Ton rôle devient donc un rôle de lobbyiste
Oui. Je suis déterminée à défendre le réemploi des déchets avec comme finalité la création d’emplois, avec ou sans insertion sociale. Je deviens Directrice du Réseau national des Ressourceries et, avec des collectivités précurseurs, nous voulons légiférer sur la question du réemploi des déchets. J’entends encore quelques remarques sarcastiques du style « Ma petite, ça ne marchera pas votre truc, c’est une utopie, vos idées de Bitnik ». Mais je persévère. Aujourd'hui, après 20 ans, on compte 180 Ressourceries sur l’ensemble de la France et l’économie de fonctionnalité est aujourd’hui inscrite dans la loi (vision 2030).
Je gère les équipes du réseau comme je gérais la Ressourcerie - c’est juste l’échelle qui change - et il est important pour moi de garder un lien avec le terrain. C’est pourquoi, chaque année, je rends visite à chaque adhérent du réseau. Je connais l’histoire de chacun. Au bout de 10 ans, je ressens la fatigue. La France est grande, j’ai deux enfants. Mon mari est très soutenant, mais il est temps d’arrêter.
Aujourd’hui, tu poursuis le même objectif sous un statut différent, en somme
Après le parcours Azimut, je crée en février 2019 ma société de consultance et j’accompagne les entreprises et les collectivités françaises dans l’économie circulaire, sur les plans stratégique et opérationnel. Le recyclage des déchets ne m’intéresse toujours pas ; ce qui m’intéresse c’est la réutilisation des déchets avec la dimension création d’emplois. Je leur apporte mon expérience, ma connaissance des structures et des lois et mon réseau. En effet, c’est mon statut qui change mais pas mon objectif.
As-tu un message à transmettre aux porteurs de projet ?
Pour moi, la période de formation et de test a été très formatrice. Même si j’ai occupé des postes de direction, je prends le temps de me poser les bonnes questions, sur mes clients, mes prescripteurs, ma communication, etc.
J’ai apprécié la période de test aussi parce qu’elle m’a permis de développer mon activité sans me soucier des aspects administratifs. J’ai réalisé que la démarche d’aller chercher des clients est similaire à celle d’aller chercher des financements.
J’aimerais recommander aux porteurs de projet de profiter de cette période pour vraiment s’impliquer et écouter les très bons conseils que l’on reçoit : faire les exercices entre les formations (tester son marché, par exemple), sortir de chez soi pour faire du co-working et du networking, etc.
« Pour moi, il est important d’être soi-même convaincu que ça va marcher, d’accepter de détricoter les choses et d’écouter les conseils qu’on nous donne »
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