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Zoom sur Vincent Degrande, luthier : redonner vie aux instruments d’antan

Dernière mise à jour : 15 févr. 2022

A l’entendre, on jurerait que ce n’est pas lui qui a choisi sa profession, mais que c’est elle qui l’a choisi : « je nourrissais une double passion, celle du travail du bois et celle de la musique », raconte Vincent Degrande. « J’avais un voisin violoncelliste professionnel… La lutherie m’est vite apparue comme une évidence. A 12 ans, je découpais déjà des planches à la scie sauteuse pour créer des contours de guitares. A 18 ans, j’ai entamé des études au conservatoire de Gand, un cycle de 5 ans durant lequel j’ai fabriqué une dizaine d’instruments. Ensuite, j’ai trouvé un job alimentaire dans un magasin de musique à Bruxelles mais j’avais cette envie de pouvoir exercer le métier que j’avais choisi. Et puis j’en avais marre de vendre des violons chinois à cent euros… Je me suis fait accompagner par Azimut dans le lancement de mon projet. J’ai commencé par une activité complémentaire puis j’ai ouvert mon atelier au centre de Namur en 2014. Il n’y avait pas de luthier. J’ai eu la chance d’être suivi par une coach hyper-dynamique : Florence a le sens de l’humain et du potentiel, elle m’a aidé à trouver confiance en moi. Ce n’était pas évident : je suis issu d’une famille d’enseignants qui n’a pas la culture de l’entreprise mais j’ai quand même pris le risque, c’est ce dont je rêvais. Avec du recul, je ne voudrais pas revenir en arrière. J’aime vraiment ce que je fais et l’activité marche mieux que ce que je pouvais imaginer. »


© Vincent Foret / SOFAM, 2019 — www.vincentforet.photography


Faire chanter le bois

Le métier s’articule autour de quatre axes : le premier, c’est la fabrication, un art que demande application et méthode. Patience et perfectionnisme aussi. il faut compter environ une centaine d’heures de travail pour la construction d’un alto, et la même durée pour arriver à la sonorité optimale. « Dans ce cadre, je me suis entouré de fournisseurs de référence, explique l’artisan. A commencer par les établissements Michel Aigrisse spécialisés dans la production de bois spéciaux de lutherie. Cela me permet de produire en circuit court. Autant dire qu’un instrument fabriqué à la main n’a rien à voir avec les modèles en série qui sont issus d’une chaîne. C’est un métier proche de la sculpture avec de la découpe, du montage et du vernissage selon des techniques héritées du XVIIème siècle. Mais on s’adresse ici à des musiciens professionnels, des amateurs avancés ou des collectionneurs. Faire chanter le bois exige de la passion.

Vient ensuite l’entretien, et l’optimisation des sonorités. Les clients me confient leur instrument pour une révision complète, chaque élément est inspecté : l’âme -petit cylindre d’épicéa coincé entre la table et le fond, le cordier, le chevalet et les chevilles, sans oublier les cordes dont la tension et la matière influent sur le timbre et la profondeur du son. C’est un peu comme un checkup chez le médecin : le luthier vérifie le parfait fonctionnement, il procède aux réglages fins pour la préparation aux concours et aux concerts. Le bois est une matière vivante. Hygrométrie, transport, température, tout cela le fait bouger.


Le plus beau métier du monde

Troisième axe du métier : la réparation. En cas de choc ou de bris, il faut apporter les soins qui s’imposent. Refaire une partie de l’instrument parfois pour le remettre dans son état d’origine, en assurer la conservation. Un devis s’impose avant de s’engager dans des frais qui pourraient s’avérer importants. L’atelier Vincent Degrande effectue enfin de la location de violons, altos et violoncelles à l’année, c’est la dernière facette de son activité. Dans un délai de maximum deux semaines, toutes les tailles sont disponibles sur demande, les réglages sont compris dans le prix.

Son conseil aux porteurs de projet est très simple : « ne pas être dans la peur mais rester réaliste. L’état mental agit sur la réussite d’un projet », note-t-il. « Ne dit-on pas que notre pensée crée notre réalité ? Il faut donc écouter notre cœur, laisser s’exprimer nos passions. Faire quelque chose que l’on aime, c’est s’assurer de faire le plus beau métier du monde. »




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