Indépendant à titre principal depuis 2015, Jean Philippe est, à 48 ans papa de trois grands enfants. Après 15 ans dans le secteur bancaire, il décide de changer d’orientation pour redonner du sens à son activité professionnelle mais aussi pour travailler dans une logique qu’il affectionne particulièrement, celle de l’économie locale
« J’ai décidé de lancer un service de livraison alimentaire à vélo vers le consommateur final, ou entre vendeur et fournisseur dans la région de Gembloux. Cette première activité d’indépendant testée chez Azimut s’est développée et m’a permis de rencontrer de nombreuses personnes pour finalement identifier des partenaires dans le circuit court, l’alimentation locale et l’économie sociale. »
Au fil du temps, les partenaires pour lesquels Jean-Philippe livre les colis deviennent plus que cela et l’amènent à repenser son activité tout en conservant la raison de sa réorientation : la solidarité et l’économie circulaire. « J’interviens comme partenaire dans la gestion financière, sociale, comptable ou de coordination en fonction des projets. Mon souhait est d’être un acteur de l’économie de ma région, Gembloux. Dans cet ensemble, mon vélo reste aujourd’hui plus souvent au garage.
© Vincent Foret / SOFAM, 2019 — www.vincentforet.photography
L’aspect coopératif, social et circulaire, comment cela se traduit dans l’entrepreneuriat ?
Dans mes deux principales entreprises, la stratégie locale et l’opérationnel sont conçus comme des processus collectifs, ce qui n’est pas toujours simple car cela prend plus de temps que dans le cadre d’un processus décisionnel traditionnel. Comme, par exemple, au sein de la coopérative Agricovert, dont le centre du processus décisionnel est l’humain. Mais au-delà du processus, c’est également dans l’action que le collectif prend tout son sens.
Aujourd’hui, l’activité s’inscrit dans un territoire, dans une communauté et elle est au service de la communauté. Ce n’est pas uniquement un business pour un business.
Ton statut d’indépendant, comment le vis-tu?
Je ne pense pas avoir vraiment une âme d’entrepreneur, c’est plutôt une manière de me connecter à ma conviction, de changer notre modèle économique et de consommation en passant par l’action.
Je n’ai pas vraiment fait le choix d’être indépendant, mais c’est plutôt une nécessité pour générer mes revenus. En même temps, c’est une grande richesse d’être dans plusieurs endroits pour vivre un travail différent, avec en chaque lieu un autre regard. Cette variété me nourrit.
Ce que j’aime dans l’image de l’entrepreneur, c’est une forme de créativité et de liberté qui lui est accordée. Discuter d’une idée à plusieurs, c’est la faire bouillir et se stimuler pour la porter.
Quel est ton meilleur souvenir dans ces sept dernières années en tant qu’entrepreneur?
Je n’ai pas un souvenir spécifique. J’apprécie la diversité : je travaille avec des gens issus du même parcours que moi, avec des personnes issues de la réinsertion professionnelle. Ce que j’aime aussi, c’est d’inventer un monde plus juste en organisant une conférence ou un événement, en collaborant avec des travailleurs de métiers durs comme les maraîchers. Cela m’apporte de la satisfaction.
Tes activités sont principalement liées à l’économie sociale, quel regard portes-tu sur ce secteur?
L’économie sociale est celle de la sobriété, de la responsabilisation mais pas de la simplicité. La dimension sociale n’exclut pas une réelle volonté d’être acteur de l’économie.
Par exemple, dans le cas d’une coopérative, on retrouve l’objectif de rentabilité pour les coopérateurs, mais avec une dimension d’honnêteté sur le modèle financier pour qu’il soit durable et responsable. J’admire ces producteurs, éleveurs, transformateurs : on essaie d’améliorer leur situation, ce qui contraste avec l’économie de l’excès, de la surconsommation et de la surproduction.
La logique économique est bien réelle, et pour l’avoir vécu, je peux vous dire qu’il est parfois plus complexe de travailler dans un contexte associatif que dans le cadre d’une coopérative.
Un prochain défi?
J’imagine parfois retourner à mes premiers amours. Il existe un acteur bancaire qui me permettrait de compléter mon activité d’indépendant, en tant que partenaire et ambassadeur, c’est NewB ! Notamment avec les entreprises, pour compléter le cercle vertueux entre le travail et la juste rémunération.
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